C’est Christiane de Libourne qui m’a envoyé cette recette régionale. Vous pensez bien qu’avec un nom pareil, elle m’a intriguée. Alors voici la petite histoire qu’elle m’a racontée :
C’était un plat de guerre, tout simple, pour les jours ‘sans’ (viande), mais on peut toujours le faire pour les fins de mois difficiles.
On fait dorer des pommes de terre et un peu d’oignons. Ensuite, on les saupoudre de farine puis on les couvre d’eau. On met une pincée de sel, du poivre, un peu de thym et de laurier, de l’ail, et on fait mijoter le tout à tout petit feu. Les jours fastes ma mère y ajoutait des lardons et des morceaux de poumon : ça je n’aimais pas, c’était caoutchouteux. Et la fricassée n’était plus à cul nu. Elle était culottée.
A l’époque, à la campagne, on n’était pas malheureux si on avait une basse-cour, mais la viande de boucherie était rare et il fallait des tickets.
Dans la famille de mon mari, originaire du Nord, on faisait la bayenne avec des pommes de terre arrachées de la veille, quand elles avaient jeté leur feu (des fraîches pétotes en patois). Sans les éplucher, car on les mangeait avec la peau, on les couvrait de thym, laurier, céleri, persil, oignon, ail, sel, poivre et très peu d’eau. On faisait cuire sur le derrière de la cuisinière à charbon pendant au moins 1 heure. On les mangeait avec du pain frais et du beurre salé.
Et c’était bon !!!!!!
Un jour, j’ai voulu en faire avec des pommes de terre du jardin à Libourne : déception, rien de comparable. C’est vrai qu’ici la terre ne sent pas bon.
Merci Christiane.
Voici la recette :
Ingrédients
Pour 4 personnes – Préparation : 15 minutes / Cuisson : 45 minutes
- 1,5 kilos de pommes de terre longues à chair fermes
- 2 gros oignons
- 4 cuillères à soupe d’huile
- 2 cuillères à soupe de farine
- 1 branche de thym,
- 1 feuille de laurier,
- 2 gousses d’ail
- 1 pincée de sel
- 1 pincée de poivre
- 2 cuillères à soupe de persil ciselé
Préparation
Dans une cocotte en fonte, versez l’huile et faites rôtir les pommes de terre coupées en deux à feu fort. Une fois bien dorées, les retirer puis les réserver dans une assiette.
Mettre les oignons coupés en rondelles et les laisser blondir à feu moyen. Ajouter ensuite la farine pour faire un roux bien coloré. Gratter bien le fond de vote cocotte. Remettre les pommes de terre, remuer, mouiller avec de l’eau juste assez pour recouvrir les légumes.
Ajouter la branche de thym, une feuille de laurier, deux gousses d’ail, du sel et du poivre.
Laisser cuire à feu doux pendant 45 minutes environ. Avant de servir, parsemer le plat de persil frais.
Edit : Edith de Charleville Mézières a souhaité elle aussi parler de cette recette. Voici ce qu’elle m’a envoyé :
Le nom, en réalité, en est la « cacasse à cul nu »
C’est un plat originaire des Ardennes, pays qui a subi tant d’invasions au cours de toutes les guerres, et pays industrieux pauvre dans lequel (vallée de la Meuse notamment), il n’y avait pas de viande pour améliorer l’ordinaire, ni en temps ordianires, ni encore moins en temps de guerre.
Je vous conseille de voir, à ce sujet, l’excellent film « les patates » avec Pierre Perret, de Claude Autant-Lara, qui relate la difficulté à se nourrir pendant la dernière guerre mondiale.
La bayenne est un plat du même style que la cacasse, avec toutefois, une couenne de lard gras pour faire revenir les pommes de terre.
Voilà, juste pour re situer l’origine de ces plats.
A noter qu’il existe, dans les Ardennes, à l’heure actuelle une confrérie de la cacasse à cul nu pour faire connaître et défendre la recette.
Merci Edith !
Comme pour beaucoup le titre de la recette a fait ’tilt’ !Mais la recette en elle-même aussi. J’aime beaucoup ces plats rustiques mais tellement savoureux. Avec des cèpes en plus….. !!MICHELE
Une recette rien qu’avec des pdt !!! JE PRENDS !!! LOL
C’est réconfortant cette fricassée (sans les poumons…). Ça veut dire quoi : quand les patates ont jeté leur feu ?
Un vrai plat bien authentique ! Et rien que le nom… est tout un programme !
Il est vrai que le nom de cette recette interpelle!!! Mais dis donc, elle était plutôt bien habillée chez toi…après quelques cèpes!!!!! Bonne journée!
Avec cette recette, je suis certaine de contenter toute la petite famille. Un vrai plat du terroir. Avec des cèpes, chouette idée.
Oups, j’ai imaginé un instant que l’intitulé de la recette faisait référence à la tenue vestimentaire de la cuisinière. A quoi qu’on pense des fois…
Ton titre était vraiment intrigant… Avec les cèpes, ça m’aurait bien convenu.
Raymonde : Et bien figure toi que je n’en sais rien. La honte. J’ai fait un mail à Christiane et je vais chercher aussi. Estèbe : une fantaisie suisse ? ;)Comme dirait Anaik, sur une de ces billets, j’espère que le titre va faire monter mes stats 😉
Le titre m’a tout de suite interpelée : c’est le plat ‘national’ des Ardennes.C’est divinement bon!
J’aime beaucoup ces plats de campagne faits ‘avec rien’. Même si on n’était pas malheureux dans les campagnes, le lait, le beurre, les oeufs, n’étaient pas souvent à la table des plus modestes, car c’étaient des produits qu’on pouvait écouler au marché contre l’argent du tout venant qui aurait fait cruellement défaut.
Il y avait justement un reportage sur cette recette hier midi à la fin des infos sur TF1. J’ai trouvé que ça avait l’air tout simple et très bon.
j’aime bien les plats traditionnels , ils ont une histoire !
Voici ce que j’ai trouvé sur l’arrachage des pommes de terre.Si vous produisez vos pommes de terre, après arrachage, laissez-les au soleil quelques heures, ce qui élimine un peu de l’eau qu’elles renferment. Stockez-les ensuite dans une pièce sombre pour éviter qu’elles ne verdissent et prennent un goût amer.Au frais, c’est mieux sans quoi… elles ont une fâcheuse tendance à germer !Catherine, Merci, je mets le ilen dans l’article vers la vidéo : http://tf1.lci.fr/infos/jt/0,,3343396,00-semaine-gout-cacasse-cul-nul-.html
titre intriguant pour recette simple et sympathique
Ah la fricassée à cul nul … elle a été présentée hier midi par JP Pernaud sur TFI ! On se régalait devant l’écran !
Comme quoi les privations produisent aussi de petites merveilles.
je l’ai vu hier à la TV comme quoi les produits les plus simples sont les meilleurs….
Je connaissais l’expression ‘jeter sa gourme’ mais alors pas du tout celle de ‘jeter son feu’, rapport au temps de guerre ça veux peut etre dire ‘déposer les armes’ on peut alors aussi dire ‘tèje son gun’ mais je crain que cela n’est rien à voir avec la patate……
Très intéressante, l’histoire de ce plat. Merci de l’avoir partagée avec nous, Anne. 🙂
j’ ai trouvé cela très intéressant, merci de nous avoir transmis ces recettes!
Une petite leçon d’histoire et un joli plat du terroir, super !
Très jolie histoire pour ce sympathique plat traditionnel !
Anne, j’espère que tu es conscience des commentaires potentiels de Patrick auxquels tu t’exposes 😉
C’est rigolo, j’en ai entendu parlé au zapping à 13 h
Anaik : oui mais je pense qu’il est très occupé avec l’ouverture de Quai des Saveurs. (ouverture aujourd’hui). Avec un peu de chance, je vais y échapper 😉
M’étonne pas que Pernaud ait fait un sujet dessus, avec un nom pareil! J’aime beaucoup ce joli témoignage, et cette recette ‘authentique’… Avec les cèpes, c’est un peu moins ‘cul-nu’, mais sûrement fantastique en bouche! 😉
Suivi de cèpes, ce plat de disette a dû être royal !Avec cette recette je sens qu’il n’y a pas que tes stat. qui vont augmenter : la vente des patates aussi.
C’est le genre de plat que j’aime : simple, authentique et sans viande 😉
j’ai appris quelque chose de plus aujourd’hui avec toi, merci
Recette au nom sympa avec des ingredients sympas, chouette!
J’adore le nom de cette recette mais l’histoire liée à cette recette est touchante !
Intéressant comme histoire. J’adore ce genre d’anecdote.
Voici les précisions de Christiane : Plat des Ardennes ,possible. Mon village natal se trouve à quelques kilomètres de la Belgique, et des départements du Nord et des Ardennes . Je suppose qu’en Belgique ,dans le Hainaut voisin, on fait la fricasse à cul nu ,ou la cacasse, sous un autre nom ,aussi folklorique.J’ai lu les commentaires de vos correspondantes. C’est bien sympathique. Les pommes de terre qui jettent leurs feux ?D ans ma Thiérache natale,tous ceux qui arrachaient leurs p. de terre,les laissaient sur le sol pendant toute une nuit ,car si on les rentrait tout de suite ,il y avait risque de fermentation donc de pourriture . Et si on les mangeait dès l’arrachage, on avait des ennuis digestifs . Vrai ou faux ? Je n’en sais pas plus. Mais actuellement,les patates cultivées sur des hectares sont arrachées et stockées aussitot. Si cette histoire de jeter leurs feux est vraie, je suppose qu’on les saupoudre de poudre de perlimpinpin pour les calmer et éviter la fermentation.J’ai oublié de préciser que la bayenne se faisait avec les toutes petites pommes de terre, qu’on ne jugeait pas dignes d’être conservées.D’ailleurs dans les fermes , elles étaient réservées aux cochons. Ben oui !!!!
Chouette de la pomme de terre 🙂
J’hallucine, je recherche une recette pour Noël dans les Ardennes et je tombe sur le plat ‘national ardennais’ ici !!
[…] Fricassée à cul nu […]
[…] Bayenne […]
J’adore ce genre de plat qui a une histoire!!! Les jours sans viande existent toujours malheureusement mais « avec un bon plat de papates on est toujurs heureux dirait mon papa »? A garder sous le coudes au coeur de l’hiver!!
Oui, moi aussi, j’aime ces plats qui ont eu une histoire 🙂
J’adore ce genre de plat qui a une histoire!!! Les jours sans viande existent toujours malheureusement mais « avec un bon plat de papates on est toujurs heureux dirait mon papa »? A garder sous le coudes au coeur de l’hiver!!
Oui, moi aussi, j’aime ces plats qui ont eu une histoire 🙂
Bonjour, cette recette se cuisine dans une bonne vieille cocotte en fonte, c’est primordial! 🙂
Je me sers du bouillon de mon pot au feu à la place de l’eau et rajoute des petits morceaux de viande de reste de pot au feu. c’est délicieux avec une bonne salade… bon d’accord c’est plus à cul nul mais ça reste l’art d’accommoder les restes.
Et c’est très pratique 🙂