Je reviens juste de Dieppe l’une des principaux ports de pêche à la Coquille Saint Jacques. Je ne vais pas souvent dans ce coin de France car la liaison Bordeaux => La Normandie n’est pas des plus simples (en l’occurrence 3 trains à l’aller et 3 trains au retour #han). Mais cela valait vraiment la peine de découvrir cette filière qui s’engage à la fois pour gérer durablement les ressources et pour vous fournir des Saint Jacques ultra qualitatives.
La coquille Saint-Jacques de Normandie (la vraie, Pecten maximus), répond à toutes les attentes des consommateurs qu’elles soient d’origine… française, (encore mieux c’est local et c’est normand), de traçabilité, de circuits de distribution très courts. C’est un produit sauvage, non transformé, issu d’une pêche artisanale et durable, débarqué vivant et commercialisé quasiment de la mer à l’assiette.
Vis Ma Vie de pêcheur
J’ai rencontré Ulrik Comtesse, le patron pêcheur du An Daouzeg Abostol, un coquillard de 17,10 mètres de long, sur le port de Dieppe. Il devait être 21h30 et l’humidité et le froid avaient depuis longtemps pénétré mes baskets. La lune était presque pleine et éclairait le quai d’une lumière un peu blafarde.
Parti vers 8h30 du matin, Ulrick rentrait d’une zone située à une dizaine de miles de Saint-Valery-en-Caux. 5 h de bateau aller-retour auxquelles il faut ajouter 8 heures de pêche. Les 35 heures, il ne connait pas. On m’avait proposé de l’accompagner sur zone mais comment dire 13 heures sur un bateau … moi qui rien qu’à le regarder ai le mal de mer … that is not possible. A mon grand regret d’ailleurs. Mais Ulrik m’a raconté et je suis quand même montée sur le bateau … à quai 😀 .
La coquille St Jacques se pêche à l’aide de dragues. Il s’agit d’espèce de gros râteaux qui soulèvent légèrement le sable (et les cailloux) où vivent les Saint Jacques. Celles-ci tombent dans des de gros sacs perforés (le maillage est calibré de manière à ne prendre que les plus grosses coquilles). Quand les sacs sont pleins, ils sont vidés sur le pont du bateau puis remis dans la mer.
Pendant qu’ils se remplissent de nouveau, les marins trient les Saint jacques, les rincent à l’eau de mer, les mettent dans des bacs en fond de cale. Et ainsi de suite jusqu’à ce que le temps de pêche autorisé ou la quantité permise soient atteints.
Ulrik m’expliquait que la bonne gestion de la ressource avait amélioré les conditions de vie des pêcheurs.
« Nous partons moins loin me dit-il et nous pouvons atteindre les quotas plus rapidement. C’est ainsi moins dur pour nous. »
Je n’étais pas la seule à attendre Ulrik sur le quai du Carénage. Son père était là. A chaque retour, il vient l’aider à décharger les 2 tonnes maximales récoltées. Ulrik est issu d’une longue lignée de pêcheurs qui a connu ses heures sombres. En 1988, son oncle disparait en mer. Traumatisé, son frère (le père d’Ulrick) arrête la pêche et se lance dans la restauration. Et il interdit à son fils aîné de choisir cette filière professionnelle.
« Mon frère a donc choisi une autre filière mais moi j’étais plus « tête brûlée » me dit Ulrik. J’avais très envie de ce retour aux sources. Alors il était difficile de m’arrêter mais la vie a failli s’en charger. 19 jours après avoir démarré mon activité de pêcheur, j’ai eu un grave accident qui m’a coûté plusieurs doigts de la main. J’ai été plus de 2 ans et demi en accident du travail. Mais j’ai repris.
La météo peut être capricieuse, le travail est physique (mais on est né dedans), la récolte tous les jours incertaine et qui dit pas de récolte dit pas de chiffre d’affaires m’explique-t-il . Mais, poursuit-il, l’envie était trop forte. En mer, je suis libre. »
Il a fallu une bonne heure pour décharger le bateau à l’aide d’une grue. Les coquilles Saint Jacques ont été transportées à l’aide d’une camionnette frigorifique jusqu’à la Criée toute proche. Ulrik garde une partie de sa pêche pour son père qui fait les marchés, et pour son épouse qui vend en direct, à l’étal, sur le quai. Le solde est vendu à la Criée, aux différents mareyeurs.
« Pêcheur est un beau métier, termine-t-il, mais ce qui nous pèse c’est la présence d’étrangers au large qui n’ont pas la même règlementation que nous. Heureusement cette année ils commencent et terminent la saison en même temps que nous mais eux n’ont pas de quotas. Les bateaux français (uniquement de la pêche artisanale) font l’effort de maintenir la ressource mais pas les autres. C’est déloyal. »
Merci beaucoup Ulrik. Dans un autre article, je vous raconterai ce que deviennent ces Coquilles Saint Jacques, justes pêchées et débarquées.
A propos des zones de pêche
Ce que m’expliquait Ulrik sur les zones de pêches m’a interpellé. C’est la première fois que je m’intéresse vraiment à un produit de la pêche et j’avais des questions assez naïves du type : qui peut pêcher, où a-t-on le droit de pêcher etc. 😀 Vous voyez le topo :D. Il s’avère que la réponse n’est pas si simple, en tout cas pour la Saint Jacques.
Il y a d’un côté :
- Les eaux internationales : elles sont au-delà des 12 miles nautiques (22 km environ des côtes). Les pêcheurs non français peuvent y aller quand ils veulent, les français uniquement à partir du 1er octobre ou premier lundi d’octobre et jusqu’à avril-mai. Pourquoi cette différence ? Parce que de notre côté de la Manche, on veut garder la saisonnalité de la Saint Jacques, avoir une qualité au top et préserver la ressource.
- Les eaux territoriales, celles où seuls les pêcheurs français peuvent aller, toujours dans le but d’avoir une gestion durable de l’espèce, elles sont divisées en plusieurs zones pour la coquille Saint Jacques de Normandie : Proche extérieur, Baie de Seine, Bande côtière pour ne parler que des plus grandes. Elles vont petit à petit devenir accessibles pas forcément à tous les bateaux (cela dépend de leur taille) et ce jusqu’à la fin de la saison en avril/mai. Certaines sous-zones resteront en jachère pour permettre là-aussi le renouvellement de l’espèce.
Zones de pêche à la Saint Jacques – Manche Est
Comme vous pouvez le voir, c’est très codifié. Ensuite, le nombre de bateaux est limité, la taille des coquilles pêchées surveillée (on ne pêche pas celles qui font moins de 11 cm), la quantité pêchée, les temps de pêche et le nombre de sortie semaine, règlementés. Cela donnerait presque mal à la tête mais le résultat tient en un mot : Qualité !
Alors SVP, achetez français et privilégiez ces coquilles Saint Jacques de Normandie. C’est la pleine saison et c’est délicieux.
Retrouvez ici toutes mes recettes utilisant des coquilles Saint Jacques.
Merci Anne pour ce beau reportage, c’est ma région, je me délecte des coquilles st Jacques.Je les cuisine très simplement, pour qu’elles conservent leur goût.
Avec plaisir 🙂 C’est tellement bon
super
et tout à fait d’accord le plus simple pour la dégustation comme ça on apprécie le produit !
un très beau reportage sur cette pêche de saint Jacques, un produit festif que nous apprécions sur notre table, bonne journée
Merci MIchelle 🙂
reportage très instructif et fort bien présenté
merci beaucoup
gisèle
Merci Gisele 🙂
Merci Anne pour ce superbe reportage. Merci à ces pêcheurs passionnés au métier si difficile qui nous permettent de nous régaler avec ces superbes coquilles. Pas question d’acheter autre chose que ces délicieux produits Français !!! Au menu ce week end grâce à notre super poissonnier ! Je file revoir tes bonnes recettes ! Belle soirée
Merci Annie 🙂
Quel beau et dur métier ! Merci Anne pour ce récit détaillé et instructif.
Gros zous glacés
Avec plaisir. C’est vrai qu’aujourd’hui il fait plus froid :p Restons au chaud :p
Merci Anne pour ce beau reportage. Chaque année nous attendons avec impatience l’ouverture de la pêche de la coquille, c’est un produit magnifique. Merci aux pêcheurs français.
Oui, merci à eux <3
article passionnant
vraiment
superbement illustré et par ces récits d’hommes – j’ai envie de leur mettre une majuscule tellement ils m’inspirent le respect –
des histoires de vie
bravo à eux
respectons leurs vies leurs produits rendons leur hommages soutenons les
ils savent nous faire partager les richesses sans dévaloriser
toujours ds le respect de la mer et des produits
merci Anne (tu as du te cailler là bas !!)
à suivre
désolée de pouvoir commenter « bien » je passe encore vite difficile pour moi
mais bisous
Merci Barbara. Pas tant que cela finalemrnt le froid 🙂
euh pour mon goût
si 🙂
🙂
😉
et totalement d’actualité
oui ces produits méritent qu’on les respecte et franchement de belles bonnes coquilles St Jacques juste snackées et ou aromatisées avec zestes orange ou ….( allez voir les recettes !)
ça vaut pas un demi homard surgelé peu garni et qui vient d’on ne sait où
😉
🙂
Bonjour Anne
Ce que je retiens : que nous devons tous et toutes être CONSCIENT que derrière chaque métier où il s’agit de nourrir les hommes , ce qu’ il ‘y a dans nos assiettes chaque jour _ Il y a souvent une dure réalité !!
Des hommes et des femmes qui se lèvent tôt, des conditions de travail difficiles et pénibles , dixit l’actualité d’ailleurs _ des heures à rallonges …des salaires qui ne couvrent pas les frais etc etc
IL faut Vraiment y penser et être RECONNAISSANT !!
Qui au moment de se mettre à table à une pensée pour tout ses hommes et ses femmes qui nourrissent la Planète !!
Qui va y penser au moment de NOËL où tant de nourriture est mise à contribution; voire gaspillées !!!
Il est Vraiment tant de changer notre façon de penser !!
Car c’est en étant conscient pour tout ce que la Nature et les Hommes nous offrent que nous seront plus respectueux de tout ce qui fait notre Vie !!
Et ainsi, je tiens Beaucoup à te remercier Anne d »être une Passeuse, comme moi_ une Passeuse de
Vérité qui ainsi contribue à permettre d’ouvrir les consciences et d’Avancer !!
Pour le Monde de demain qui se construit aujourd’hui !!
Merci Infiniment !!
Des bises d’Amour !
Enjoy !!
<3
Bravo : très beau reportage, sobre et éclairant sur ce métier.
Avec une coquille (et plus bien sur) je n’ai qu’une recette : poêlées au beurre, ciboulette, échalotes, poivre ou espelette (hors cuisson) déglacées au cognac – 1 minute par face
Si vous avez des recettes originales, je suis preneur.
Pour Barbara : en Normandie et en Bretagne on ne se caille pas, on s’échauffe – Bravo
JEudes 🙂
MDR
merci pour ce sourire
pour les recettes voir déjà celles citées par Anne
mais la votre toute « simple » est parfaite déjà
j’aime bien avec des suprêmes ou zestes d’agrumes aussi
🙂
Anne, mille excuses, je n’avais pas vu vos NOMBREUSES recettes sur la coquille
et moi itou mille excuses
j’ai répondu sans lire le 2e commentaire 🙂
Merci pour ce beau reportage qui montre bien la vie difficile des petits pécheurs qu’il faut absolument soutenir.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier les pêcheurs de coquille en plongée. Ce sont de magnifique coquilles, choisies une par une à la main ce qui permet de ne prendre que les plus grosses (protection de l’espèce) et qui sont sans sable. Une merveille gastronomique particulièrement respectueuse de l’environnement
Oui de très beaux produits, plus exceptionnels 🙂
Merci pour ce très beau reportage qui nous permet d’avoir des informations très précises sur cette pêche à la St Jacques et de découvrir le quotidien d’un pêcheur.
Votre site est un véritable régal pour les papilles grâce à la qualité de vos recettes et les pupilles avec toujours de superbes photos agrémentées de textes toujours très plaisants à lire.
Avec plaisir Pascale
tout à fait d’accord avec le commentaire de Pascale
exceptionnel le site, les recettes
et surtout Anne !qui partage tout cela avec bienveillance écoute et générosité toujours grains de bon humeur et humour
Je vais rougir 🙂
c’est beau de rougir ça met des couleurs sur les joues et ça fait sourire bisous
😀