C’est dans les Hauts de Sainte Anne à La Réunion que avons rencontré Mr Morel. Son bâtiment n’est pas des plus faciles à repérer, en plein milieu de champs de cannes à sucre, merci le GPS (bon sang mais comment faisait-on avant). Ce que j’ignorais en arrivant c’est que nous avions aussi voyagé certes dans l’espace mais aussi dans le temps. Philippe est en effet un ardent défenseur des traditions agricoles et culinaires réunionnaises et il adore cuisiner comme jadis. D’ailleurs son tablier le dit et c’est en créole :
Le gout lontan lé la chez Mr Morel (le goût d’autrefois, il est chez Mr Morel).
C’est dans son boucan qu’il nous a conduit dès notre arrivée. Le boucan c’est une cuisine fumoir et je peux vous dire qu’avec Philippe, le bonheur n’est pas dans le pré mais dans le boucané.
Le boucané ?
Oui, le boucané, la viande fumée. Cela peut être des saucisses (pour faire le rougail), du poulet, du canard, du boeuf, du porc.
C’est comme cela qu’auparavant nous conservions la viande explique-t-il. Maintenant on parle davantage de canard ou de poulet fumé que de boucané canard ou boucané poulet mais le produit reste le même. Pour boucaner la viande, j’utilise du bois de différents arbres : le letchi, le longani ou encore le jaborosa. Les différentes essences apportent du goût au produit fumé.
Voir Philippe cuisiner, c’est faire un un saut dans le passé : les casseroles, la vieille cocotte minute, la fumée, les saucisses suspendues au dessus du foyer. Pas de frigo ou de plaques de cuisson.
Vous me direz ok, la viande c’est bien mais quid des fruits et légumes ?
Eh bien pas besoin d’aller au marché pour s’en procurer, il n’y a qu’à aller dehors et se servir. La nature est généreuse. Et comme le dit Philippe, à la Réunion, nous sommes chanceux, quand les fruits ne sont pas murs, il suffit de les cuisiner comme des légumes.
Au menu de ce jour là :
=> Salade de palmiste rouge, cueilli dans le jardin :
=> Rougail saucisse (fumé par lui) servi avec des lentilles de cilaos et riz
=> Et en dessert nous avons eu ce que Philippe a appelé un petit ravaz à savoir des pommes en l’air et du cambarre, cuits dans un sirop sucré et vanille, le tout servi sur des brèdes songe. Surprenant et très bon.
Nous avons beaucoup aimé partager ce moment avec Philippe, vivre cette expérience authentique et chaleureuse. On découvre la richesse de ce qui nous entoure et on ne regarde plus la nature de la même façon. Pas besoin d’aller dans les magasins. Comme on dit ici on replonge dans le temps lontan et la nourriture va directement du jardin à la cuisine. Les circuits courts, il n’y a que cela de vrai.
Philippe Morel est passionné, passionnant et partage avec plaisir ses connaissances que ce soit lors de ces ateliers ou via son Association pour la Valorisation et la Préservation du Patrimoine des Hauts de Sainte-Marguerite (AVPPHSM).
Une petite vidéo :
Les informations pratiques sont sur le site de l’office de tourisme ici : Du champs à l’assiette chez Mr Morel.
AVPPHSM – 106, chemin Lamandière, Saint-Benoit, Ile de La Réunion
Si vous envisagez un voyage à La Réunion, découvrez dans cet article « Que faire à la Réunion » toutes les expériences que je vous recommande d’y vivre, qu’elles soient touristiques ou gastronomiques. Et pour plus d’informations sur la Réunion, n’hésitez pas à surfer sur le site de l’office de tourisme. Pour le transport, nous avons été très satisfaits d’Air Austral.
J’y étais en décembre, quel bonheur et quel régal!! Le boudin aux piments!! Une tuerie!
Coucou Maeva. On aurait pu s’y croiser 😉 J’y étais fin novembre
pour moi le boudin ça ne se conçoit qu’avec piment 🙂
C’est vrai que c’est top 🙂
😉
Nous y allons en février. ..Merci pour les infos…
Avec plaisir Maminette 🙂
passionnant
! merci anne
ps :j’ai pas de GPS et je survis très très bien si si
(bon après peut être pas pour aller au coeur de la Réunion 🙂
mdr 🙂 Moi je ne sais plus faire sans. Je fais beaucoup d’article sur les viticulteurs et je suis très content d’avoir le GPS pour trouver leurs propriétés 🙂
pas de soucis
🙂
Savez-vous que beaucoup de créoles cuisinent encore au feu de bois? Ma nénène, Marie-Paule qui vient m’aider à la maison depuis près de 15 ans ne peut concevoir de faire un cari sur sa cuisinière. Dans le jardin de sa case, à St Gilles, dans les bas, donc, elle a un foyer sur lequel elle fait son cari et les grains qui l’accompagnent. Et certains restaurants, à l’Ermitage ou à la Saline, proposent des marmites pleines de caris différents qui mijotent sur des braises. Et quand je vois les photos de l’assiette du cari saucisses, je crois sentir cette odeur appétissante et unique que donne la cuisson sur le feu de bois. Je suis heureuse que vous ayez pu découvrir cela. Bises.
Coucou Agnès. Oui c’était formidable. J’ai aussi mangé un cabri massalé chez l’habitant cuisiné au feu de bois. Je ne pensais pas que cela restait aussi présent. Bon début de semaine 🙂
Euh Agnès, c est rougail saucisse pas cari saucisses.. 😉
Bien sûr! j’ai fait un lapsus parce que je pensais à tous les caris réunionnais. Mais reconnaissez que les recettes sont les mêmes.
Bonjour Anne
Je ne suis pas allée à la Réunion, voir mr Morel mais le » boucan », j’ai connu et la cuisine sur feu de bois, dans des marmites en fontes aussi .
Ah quel heureux temps ,( coeur) celui où ma grand _mère nous cuisinait le poulet de la ferme dans sa vieille cocote , avec les petits légumes justes ramassés du jardin.
Et le boudin aux pommes , le lapin à la tomate et aux câpres, le poulet aux verjus.
Une cuisson où il fallait rester surveiller le feu tout le temps _ pas trop de feu mais suffisamment.
Une cuisson où l’odeur du feu embaumait tout les ingrédients….
L’odeur de l’amour, de la patience et du temps qu’il faut prendre sans courir partout par ce que on sait que c’est ce temps qu’il faut pour que ce soit un régal _ et ce n’est pas du temps de perdu.
Merci, merci, infiniment Anne pour ce retour vers le passé digressif à souhait que tu nous fait miroiter et vers mon passé d’amour à moi .
Bonne semaine
bises chère Anne
Coucou Myriam.
Merci encore une fois de partager tes souvenirs. C’est plein d’émotions <3
J adore le lapsus de la légende du portrait du Monsieur 😀
mdr 🙂 Je viens de corriger. J’adore François Morel en fait :p
Moi aussi je l adore ! C est bien pour ça que j ai adoré le lapsus, qui me semblait bien tout à fait affectueux 😉
😉
Euh Agnès, c est rougail saucisse pas cari saucisses.. 😉
Ça fait voyager et rêver ! Merci pour ce partage
Avec plaisir Elena 🙂
Ca à l’air super, merci pour le partage
Avec plaisir 🙂