La Commission européenne doit bientôt se prononcer sur l’instauration ou non d’une mention obligatoire sur l’étiquetage pour les vins collés avec des produits à base d’œuf, de caséine ou des colles de poisson. L’Agence européenne de sécurité des aliments a estimé que la caséine ou les produits à base d’œuf pouvaient provoquer des réactions allergiques chez les sujets sensibles. Les règles d’étiquetage changeront-elles à nouveau avec la mention « contient des produits de collage à base d’oeuf, de caséine ou de colles de poisson » ?
Depuis fin 2005, les étiquettes des vins doivent déjà porter la mention « contient des sulfites », conformément la réglementation européenne sur l’étiquetage et les substances potentiellement allergènes. La filière vin attend aujourd’hui la décision de la Commission européenne sur les produits de collage. Ces auxiliaires œnologiques à base de lait, d’œuf ou de poisson étaient déjà sur la sellette à Bruxelles en 2005, mais à l’époque Viniflhor et les organisations professionnelles de la filière avaient obtenu un sursis de deux ans, le temps d’évaluer par des études l’allergénécité de ces produits.
Fin novembre au plus tard, Bruxelles doit se prononcer sur l’instauration ou non d’une mention obligatoire sur l’étiquetage pour les vins collés avec des produits à base d’œuf, de caséine ou des colles de poisson. L’Efsa, l’agence européenne de sécurité des aliments, a rendu ces dernières semaines plusieurs avis en réponse à des requêtes de Viniflhor, de la Fédération des associations viticoles allemandes et de la Winegrowers federation of Australia pour une exemption d’étiquetage.
Le 6 juillet dernier, les experts de l’Efsa ont estimé que les vins collés avec de la caséine pouvaient déclencher des réactions néfastes chez les personnes sensibles. Selon l’agence européenne, la prévalence chez les adultes des réactions allergiques à des protéines de lait et particulièrement à la caséine est estimée à 1%. L’agence signale cependant que les analyses sur la présence de caséine dans les vins finis n’étaient pas concluantes, et que les études cliniques comprenant des essais placebo en double aveugle avaient inclus une seule personne allergique au lait, qui a présenté une légère réaction à un vin collé avec de la caséine.
Sur les produits de collage à base d’œuf (0,3% d’adultes allergiques aux protéines d’œuf, en particulier à l’albumine, selon l’Efsa), les experts ont jugé le 15 octobre dernier que les vins collés avec ce type de produits pouvaient engendrer des réactions allergiques chez les personnes sensibles. L’agence européenne a notamment fait analyser 400 vins. «14 contenaient des résidus de blanc d’œuf et d’albumine », indique l’Efsa. Lors de tests, sept personnes ont eu des réactions allergiques.
Une optique de prévention maximale
L’Efsa s’est en revanche abstenue d’émettre un avis sur les colles de poisson ou isinglass. « Les données qui ont été soumises ne permettent pas au panel d’experts d’évaluer la probabilité que les colles de poisson utilisées en collage dans les vins vont déclencher une réaction allergique chez les personnes sensibles », a annoncé l’agence. Les allergies au poisson concerneraient entre 0,2 et 2,2% de la population européenne. Selon l’Efsa, la colle de poisson « n’est pas caractérisée en terme de possibles quantités résiduelles du principal allergène, la protéine parvalbumine ». Une étude biologique sur le potentiel allergène des vins collés à l’isinglass n’a pas apporté d’informations et sur dix personnes allergiques au poisson qui ont bu à leur insu des vins collés à l’ichtyocolle, aucune n’a présenté de réactions.
Reste que l’Efsa a conclu à la possibilité de réactions allergiques chez des personnes sensibles consommant des vins collés avec des produits à base de caséine ou d’œuf. La Commission européenne va-t-elle décider d’un étiquetage obligatoire pour les vins concernés ? Du côté de l’Institut français de la vigne et du vin, qui a participé aux études sur lesquelles s’est fondée l’Efsa, on se veut très prudent :
« la décision qui va être rendue sera politique et pour le moment on ne sait pas ce qui va être décidé. Les rouages de Bruxelles sont parfois peu compréhensibles. Les colles à base de caséine ou de protéines d’œuf sont en tout cas très utilisées et si une mention obligatoire est décidée, une information devra être faite vis-à-vis des consommateurs avec beaucoup de pédagogie.»
Alain Martinez, directeur technique de Laffort Oenologie, se dit pour sa part « quasiment certain d’un étiquetage pour les produits à base de caséine et d’œuf » :
« l’Efsa et la Direction européenne santé et protection du consommateur se placent dans une optique de prévention maximale. Il a pourtant été difficile en France et dans les autres pays de réunir un panel de personnes sensibles à ces produits.»
A consommer avec modération, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
Il serait temps !
Il n’y a aucune raison que les boissons ne subissent pas les mêmes obligations d’étiquetage que les aliments (et encore, malgré la nette amélioration depuis la loi sur les substances allergènes, on trouve encore des produits d’import sans mention).
Le but n’est pas d’avertir les consommateurs qu’il peut y avoir une allergie, mais juste d’informer de la présence d’un produits classé allergène.
En espérant que la commission statue en faveur de l’étiquetage obligatoire, un petit pas de plus de franchi …