Rencontre avec Oxana Cretu, restaurant Inima, Bordeaux

Oxana Cretu

Cela fait plusieurs années que je croise à Bordeaux Oxana Cretu, cette jeune cheffe Moldave arrivée en France en 2006. Elle est en effet souvent présente lors d’évènements locaux et l’on remarque son style à la fois soigné et délicat. Cet été, elle a fait table rase de son passé, a transformé son ancien restaurant Cromagnon en un nouvel établissement gastronomique, Inima. Elle y propose sa cuisine épurée, exigeante, élégante, créative mettant en valeur les produits. On retrouve sa personnalité dans ses plats et je vous laisse lire mon article sur le restaurant.

A l’occasion de ce déjeuner j’ai pu poser quelques questions à celle qui a baigné dans son enfance dans un environnement simple où l’on mangeait très bien (ferme familiale auto-suffisante, polyculture), qui voulait être pilote de ligne mais qui a étudié les langues étrangères et qui est aujourd’hui cheffe à Bordeaux et heureuse de l’être.

Interview 7 péchés capitaux 😀 

Orgueil : De quoi êtes-vous la plus fière ? 

De ma fille. Elle a 9 ans. 

Avarice : Est-ce qu’être chef permet de bien gagner sa vie ? 

Non ! (le cri du coeur). Surtout après les années que l’on vient de passer.

Jalousie : Est ce qu’il y a des chefs dont vous admirez particulièrement le travail ? 

J’admire Dabiz Muñoz qui est un chef espagnol incroyable et un business man hors pair. J’admire aussi beaucoup Dominique Crenn pour sa réussite en tant que femme. Et puis cette année, J’aimerais beaucoup aller chez Arnaud Donckele et chez Frog à Londres pour découvrir leurs cuisines.

Colère : Qu’est-ce qui vous énerve ?

L’administration française qui a l’art de mettre les bâtons dans les roues. Quand on est une petite entreprise il est très difficile de faire les choses correctement.  On a l’impression que tout va contre nous. A peine on sort la tête de l’eau qu’on a l’impression qu’on nous l’enfonce à nouveau.  Le système n’aide pas à la création d’emplois et de business. C’est vraiment difficile.

Luxure : Est-ce qu’être cheffe amène un petit truc en plus côté séduction ? 

Avec mes collègues hommes, c’est tout le contraire. Comme je suis une jeune femme, je dois toujours faire mes preuves lorsque nous travaillons ensemble sur un évènement. A la fin de la journée, le regard est différent.

Paresse : Est-ce qu’il vous arrive de ne rien faire ? 

Oui, les dimanches matin, ceux où je n’ai pas d’évènements. C’est le seul moment où je peux rester une heure dans mon lit. J’ai 2 chiens et 3 enfants à la maison. Alors je ferme la porte et fais semblant de dormir pendant 30 minutes ou 1 heure. Et après tout le monde me réclame 😀 . Il y a tellement de choses à faire et les journées sont très très remplies.

C’est un luxe de pouvoir se poser et ne rien faire, ne pas réfléchir à mes plats, à mes menus. 

Gourmandise : que faut-il avoir goûté au moins une fois dans sa vie ?

J’adore plein de choses : les feuilles de vigne farcies de ma maman, avec la crème fraîche. Je ne peux pas rester plus de 3 mois sans en manger, la zeama, soupe de poulet moldave avec les pâtes maison (ma fille adore aussi, c’est la soupe de mamie, elle doit en manger au moins une fois par semaine), les poivrons farcis à la viande et au riz et le gratin de pommes de terre de mon compagnon. 

Je suis aussi très attachée à la cuisine asiatique : j’adore les ramen, les chashumen (bol de bouillon avec des nouilles, pousses de bambou, soja, œuf, algues, confit de porc et poitrine caramélisée) de chez Fufu.

Chashumen ©Fufu

J’ai une petite faiblesse aussi pour toutes sortes de pains et j’aime particulièrement quand il est servi avec de l’huile de tournesol, comme en Moldavie. Là-bas on accueille les gens avec un pain tiède servi avec cette huile. C’est excellent. Et puis, toujours à propos du pain, mon papa, quand j’étais enfant, me préparait des tartines couvertes d’une très fine pellicule de saindoux et saupoudrée de piment d’Espelette. J’adorais cela.

Mais le must, ce que j’aime le plus, c’est le canard fumé de mon grand-père. Il le préparait pour les fêtes, c’était incroyable. C’est la meilleure chose que j’ai goûtée de toute ma vie. 

Des projets, des envies pour l’avenir ? 

Oui, garder plus de temps pour ma famille !

Merci Oxana.

Restaurant Inima – 48 Rue du Palais Gallien, 33 000 Bordeaux