J’avais découvert l’aquaponie il y a quelques années chez l’Autre campagne à Saint Martin de Seignanx (Landes). Il s’agit d’un mix, d’une fusion, entre l’aquaculture (élevage de poissons) et l’hydroponie (culture sans terre, sur l’eau). Les déjections des poissons servent de nutriments aux plantes qui purifient l’eau qui ressert aux poissons 😀 . Il s’agit d’un cercle vertueux, écologique et peu consommateur d’eau.
Je ne savais pas qu’il existait ici à Lormont, banlieue ouvrière de Bordeaux, une ferme urbaine, les Nouvelles Fermes, qui, elle aussi, pratiquait cette méthode de culture ancestrale. Elle a ouvert en 2018.
Les Nouvelles Fermes
Nous sommes 5 associés m’explique Laura ; des anciens collègues pour certains (auparavant dans le e-commerce) et des amis. Nous nous intéressions tous au monde de demain et nous avons décidé d’en devenir acteurs grâce à l’aquaponie. Nous nous sommes installés ici pour être au plus près des consommateurs et pour réduire l’empreinte carbone des aliments.
Comment avez-vous acquis les techniques ?
Nous nous sommes formés sur le tas, notamment grâce à internet (vive les tuto Youtube) et avons tout fait nous-mêmes, excepté la serre, poursuit Laura. Il fallait faire vite, s’installer rapidement afin de pouvoir développer un autre projet du même style à Mérignac (banlieue ouest). Nous avons ici 1 000 m2 soit environ 700 m2 de surface de culture. C’est tout petit.
Comment vous êtes-vous financés ?
Nous avons réussi à convaincre des partenaires aussi bien privés que publics. Et puis, nous avons reçu des subventions à l’installation en tant qu’entreprise agricole.
L’Aquaponie
Comment fonctionne l’aquaponie ?
Le principal intrant dans notre système, ce sont les granules de nourriture pour les poissons. La densité est faible dans les bassins. Chacun d’entre eux contient 350 truites, ce qui fait 18 kg au m3. Nous les recevons quand elles pèsent 300 g et au bout de 12 à 14 mois d’élevage (sans antibiotique), elles atteignent un poids compris entre 2 et 2,5 kg.
Pendant leur vie, leurs déjections sont filtrées, décantées et les petites matières sont récupérées et digérées par les bactéries. Une fois ces matières dissoutes dans l’eau, elles partent dans le circuit. Les racines des plantes, qui poussent sur des radeaux flottants, trempent dans cette eau, s’en nourrissent et la purifient.
C’est un système très économe en eau car c’est une culture en circuit fermé. Elle est sans cesse réutilisée. Pour vous donner des chiffres, pour produire 1 kg de salade, nous avons besoin de 48 litres d’eau alors qu’en conventionnel, en bio, ou en permaculture, il en faut entre 200 et 400 litres d’eau. Il n’y a ici quasiment aucune déperdition..
Que produisez-vous ?
Grâce à ce système nous cultivons à la fois des légumes (salades, pak choi, kale, tomates etc.) et herbes aromatiques (mizuna, shiso, menthe, mélisse, ciboule etc), et nous élevons des truites qui seront commercialisées entières, en filets ou en rillettes.
Quelles quantités produisez vous ?
Sur cette petite ferme, nous produisons 50 kg par semaine en hiver et 100 kg en été. Cette année, comme nous avons doublé la surface de tomates, nous produirons 200 kg par semaine. Au début nous avions beaucoup de variétés mais nous avons réduit. Aujourd’hui nous n’en cultivons ici qu’une grosse vingtaine, essentiellement des feuillus et des herbes aromatiques.
A Mérignac, nous plantons beaucoup de salades : batavia, feuilles de chêne verte et rouge, mesclun etc. L’entreprise n’est pas encore rentable mais nous espérons arriver à l’équilibre cette année. 70% de notre chiffre d’affaires provient de la vente de légumes et 30% des produits à base de truites.
Est-il possible comme aujourd’hui de venir à votre rencontre ?
Ce n’est pas toujours facile mais on essaie de le faire. Nous sommes une entreprise de l’ESS et cela nous semble aussi important d’ouvrir nos portes. Il faut nous téléphoner avant pour voir ce qu’il est possible.
Merci Laura.
Les informations pratiques
Vous pouvez acheter leurs légumes et herbes aromatiques directement via leur site web et aussi dans certaines grandes surfaces ou épiceries de la région.
Les Nouvelles Fermes – 3 Rue Banlin, 33 310 Lormont et 14 Avenue de la Grande Semaine, 337 00 Mérignac