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Musée maritime de Charlevoix, St Joseph de la Rive

Si vous vous rendez à l’Île aux Coudres, au Québec (et c’est une sacrément bonne idée), vous devez emprunter le traversier à Saint Joseph de la Rive. Et là, avant de monter sur le bateau, je vous recommande de prendre le temps d’explorer le Musée Maritime de Charlevoix. Tous les jours à 10h30, une visite guidée d’une heure y est proposée.

J’y ai rencontré Martin Desgagnés. Cet ancien architecte paysagiste issu d’une famille de marins n’a pas son pareil pour vous raconter l’histoire des goélettes sur le Saint Laurent.

« Leur navigation explique-t-il a commencé en 1763 et s’est arrêté dans les années 1970. Le Saint Laurent était jusqu’au début du XXè siècle la voie de communication principale pour se déplacer dans la région. Le cabotage à savoir le transport de marchandises sur l’eau, a permis à de nombreuses régions plus au nord de se développer (la Basse Côte du Nord par exemple). Les goélettes transportaient des marchandises très variées, comme les pitounes, les billots de bois, qui partaient ainsi vers les usines du Saguenay afin d’y être transformés en pâte à papier.

Une goélette appartenait en général à une famille. Son activité lui permettait de générer suffisamment de travail pour faire vivre tout le monde. Et ensuite quand les enfants devenaient adultes, ils achetaient leurs propres goélettes. La construction prenait 3 années. La première d’entre-elles, le charpentier de marine concevaient une demi coque.

C’était comme un modèle en 3D. Cela lui permettait d’étudier la rapidité, la flottaison etc.  Comme c’était fait à la main, il ne faisait qu’une demi coque car il n’était pas possible de faire 2 moitiés identiques. A partir de cette modélisation, il dessinait les plans.  L’année 2, l’acquéreur passait l’hiver à ramasser le bois nécessaire à la construction. Et enfin, en année 3, c’était la construction du bateau.

Si dans les années 20, une goélette coûtait 5 000 $, dans les années 40, son prix était passé à 50 000 $ pour atteindre, dans les années 50, la somme exorbitante de 100 000 $. C’était considérable surtout qu’à cette époque là, les goélettes ne pouvaient naviguer que l’été. L’hiver, le fleuve est pris dans les glaces. »

Elles ont donc disparu du paysage maritime et il n’en reste que très peu aujourd’hui. Beaucoup ont été abandonnées et détruites. Vous pouvez en voir encore quelques-unes ici au Musée Maritime du Charlevoix. Bâti sur un ancien chantier maritime, le site est très beau et a gardé son âme d’antan. Il y a des expositions temporaires et permanentes. J’ai bien aimé celle sur le rôle des femmes dans la navigation.

N’hésitez vraiment pas à vous arrêter pour découvrir cette histoire pas si lointaine mais tout à fait passionnante..

Musée Maritime du Charlevoix – 305, rue de l’Église ) Saint-Joseph-de-la-Rive (Les Éboulements), Québec.