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A la rencontre d’Eric Martineau, producteur de pommes

Saviez-vous qu’un producteur de pommes s’appelait un pomiculteur ?

Eh oui ! Qui va épater belle-maman. C’est vous, c’est vous.

Dans la Sarthe, j’ai rencontré Eric Martineau, à la fois pomiculteur (oui, c’est bien de le replacer) bio et éco-responsable, clubber (le Queen, le Palace à Paris, le Space à Ibiza) n’ont aucun secret pour lui, maire de son village à Chenu dans la Sarthe et grand amateur d’art contemporain. Inutile de vous dire que nous ne nous sommes pas ennuyé une seconde 😀 .

A propos de la Ferme des Quantières

J’ai repris la propriété de mes parents m’a-t-il raconté. Elle est dans la famille depuis 1889.  Jusqu’à 1939, il s’agissait d’une ferme classique d’une douzaine d’hectares qui pratiquait la polyculture et l’élevage. Les gens vivaient ici en autarcie, consommaient les produits de la ferme et vendaient le surplus. Ici, les terres sont pauvres. Il y avait dans le passé beaucoup de vignes mais ont toutes été détruites par le phylloxera. Et puis quelqu’un s’est dit que les terres qui fonctionnaient pour la vigne devraient bien fonctionner pour les pommes.

Et c’est ainsi que les premiers pommiers ont été plantés. Il s’agissait d’une variété locale, la Reinette du Mans.

Après guerre, les choses ont changé. il fallait produire plus pour nourrir les gens qui avaient souffert de la faim. La Reinette du Mans avait 2 défauts majeurs : les pommes étaient petites et surtout, elles ne produisaient qu’une année sur deux.  Mais les Américains avec le chewing-gum et le jazz avaient ramené une variété de pommes, la Golden Delicious. C’était un fruit de belle taille avec de bons rendements. Alors mon grand-père a fait comme tout le monde, il a remplacé ses pommiers Reinettes du Mans par des pommiers Golden Delicious. Cela a très bien fonctionné ainsi pendant une trentaine d’années.

Des vergers bio et éco-responsables

Avant, nous cultivions en agriculture conventionnelle. Je n’en veux pas du tout à mes aïeux de leurs modes de cultures. C’était une autre époque. Mais moi j’ai fait le choix du bio et de l’éco-responsabilité.

L’un n’est pas mieux que l’autre, m’explique-t-il, c’est juste différent. Quand on cultive en bio, on intervient et on ne lutte contre les maladies et les insectes qu’avec des produits naturels.

Quand on cultive de manière éco-responsable, on favorise le bio mais on ne s’interdit pas les produits de synthèse quand ceux-ci sont moins toxiques ou plus bénéfiques ou plus écologiques q’un produit naturel. L’huile de neem par exemple est un insecticide bio mais c’est aussi un perturbateur endocrinien reconnu. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc.

Dans le verger, une vingtaine de variétés sont cultivées : Golden, Gala, Elstar, Reinettes grise du Canada, Choupette, Goldrush Délisdor, Belchard Chantecler, Melrose, Idared, reinettes du Clochard, Cox Orange, Bramley, Fuji, Granny Smith, et sa spécialité, la pomme Bertanne… 

J’adore cette pomme, me dit-il. A l’origine c’est une Golden qui devenait grise (dégénération naturelle). Elle a un goût de pomme/poire, un peu comme une poire William pas mûre. Et plus elle mûrit et plus elle acquière un goût d’anis. C’est pour moi la meilleure pomme à utiliser pour préparer les tartes Tatin. Elle caramélise et ne se défait pas. Elle est aussi excellente, cuisinée à l’étouffée avec du beurre demi-sel. Elle ne se transforme jamais en bouillie.

La cueillette s’étale selon les variétés de fin août début septembre jusqu’au 10 novembre et est manuelle. Pas de machine pour récolter. La visite est passionnante surtout à cette saison. Et il n’y a pas meilleur qu’une pomme juste cueillie sur l’arbre.

Eric m’a livré 2 conseils avant de partir :

Si vous passez dans la région, vous pouvez acheter sur place des pommes et des produits dérivés comme du jus de pomme (succulent), des compotes, des pétillants aux pommes etc.  Eric est présent sur plusieurs marchés de la région.

Une très chouette rencontre !

Eric Martineau – Les Basses-Quantières 72 500 Chenu.