Quand vous vous rendez à Chambord, c’est avant tout pour visiter le Château, vous plonger dans l’histoire de France, découvrir l’incroyable escalier à double révolution conçu selon la légende par Léonard de Vinci ou vous perdre sur les toits au milieu des innombrables clochers. Mais savez-vous que vous pouvez visiter également le potager ?
– Le potager ?
– Oui oui !
Si le potager de Chambord est né il y a un peu moins de 2 ans, il a été créé pour 2 raisons principales nous a expliqué Thomas Segretain, le chef de pôle des jardins potagers du Château :
- La première est de redonner au Château sa vocation nourricière. A l’époque de sa grandeur, une quarantaine de fermes se situaient sur le domaine qui couvre plus de 5500 hectares. Elles contribuaient à nourrir la population environnante.
- La seconde est de contribuer à l’autonomie financière du site (les fonds publics diminuent). Il faut trouver de nouveaux moyens de financer les joyaux architecturaux. A Chambord cela passe par le développement agricole : les vignes, l’eau de bouleau, les abeilles pour le miel, le gibier et aussi le potager via la vente de légumes.
La volonté est d’aller le plus loin possible dans la conception et la conduite des jardins en étant le plus durable possible, tout en gardant à l’esprit qu’il faut que ce soit économiquement viable.
Pour ce faire, ils se basent beaucoup sur la permaculture et le micro maraîchage.
La permaculture :
Cette théorie a été créée ou du moins popularisée dans les années 70 par 2 australiens, Bill Mollison et David Holmgren. Constatant que l’agriculture d’aujourd’hui commençait à montrer ses limites, que ce soit sur la biodiversité, la santé du sol ou la productivité (épuisement de tout cela), ils ont cherché dans l’écosystème un autre modèle. Et celui sur lequel ils se sont arrêtés est celui de la forêt : Personne n’y met d’engrais, ne traite … et pourtant tout y pousse bien. Pourquoi ne pas s’en inspirer et en tirer des enseignements ?
Voici quelques-uns de leurs principes dont s’inspirent les jardiniers de Chambord.
- Prendre soin de la nature, prendre soin de l’homme et partager les surplus.
- Effectuer le moins d’effort possible pour obtenir le maximum d’impact.
- Anticiper les problèmes et avoir plusieurs solutions de rechange en cas de besoin.
- etc.
Ils ont construit par exemple leur propre écosystème. Le jardin potager situé dans les anciennes écuries du Maréchal de Saxe est entouré de murs en pierre qui réverbèrent la chaleur et protègent du vent. Ceci en fait un environnement privilégié.
Ensuite, ils cultivent par strates. Les carottes sont plantées serrées par exemple pour que leur feuillage fasse une sorte de canopée et empêche la prolifération des mauvaises herbes. Sous les arbres fruitiers, il y a toujours des plantes de la famille des alliacées car elles ont des vertus fongicides et insectifuges.
Ils ont également installé des bacs en bois appelés parterres de biodiversité : Roses, artichauts, plantes aromatiques, santoline ….. sont là pour nourrir l’environnement, attirer les pollinisateurs et recréer un équilibre naturel.
Bref, tout est réfléchi en amont. La mécanisation, elle, n’est là que pour les gros travaux sinon tout est fait à la main ou avec des d’outils type grelinette. 3 permanents et 4 saisonniers travaillent sur le site. Pour les aider, dans la conduite de cette culture bio, ils utilisent également la phytothérapie aussi bien en préventif qu’en curatif : Macération d’ail, décoctions, activation du sol avec un mélange de consoude/ortie/luzerne etc
Le Micro maraîchage
Cette méthode a été popularisée grâce à Eliot Coleman (USA) et Jean Martin Fourtier (Canada). Leurs travaux ont porté sur l’optimisation de la manière de cultiver. Cela a été utilisé ici pour l’aménagement du potager. Des zones de culture de même taille ont été dessinées dans le jardin : longueur de 15 m, largeur de 75 cm avec un passe pieds de 45 cm. C’est optimal. Ensuite, les densités de plantation sont plus élevées. L’idée est d’être plus efficace et de gagner du temps. C’est passionnant et très technique.
Le résultat
Tout ce travail fonctionne. Si la première année nous avons produit pour 40 K€ de légumes explique Thomas, cette année nous ambitionnons 120K€.
Nous commercialisons ici au domaine, à la fois à la boutique et via un système de paniers. Et nous vendons aussi à l’extérieur. Si nous avons commencé avec 2 Biocoop, le confinement nous a amené à chercher d’autres débouchés : Les restaurants locaux et les grandes surfaces du coin nous ont aidé et sont maintenant des clients réguliers.
Et le développement continue, aussi bien sur la partie légumes que sur la partie arbres fruitiers.
A noter un dernier volet tout à fait intéressant, la dimension pédagogique. Vous pouvez tout comme moi visiter le jardin potager. Il existe même des formations à destination des professionnels et porteurs de projets pour dupliquer ce modèle.
Informations pratiques
Château de Chambord – 41250 Chambord
- Plein tarif individuel : 9 euros / Tarif réduit individuel (valable pour les enfants de 5 à 17 ans, et pour les adultes titulaires du billet entrée château/jardin) : 5 euros
- Visite gratuite pour les enfants de moins de 5 ans en famille.
- Réservation en ligne et au 02.54.50.50.40.
Et en ligne :
- Un site : www.chambord.org/fr
- Une page Facebook : @LeChateaudeChambord
- Un compte Instagram : @ChateauDeChambord
- Un compte Twitter : @DomaineChambord
Quelques photos de Chambord
Enjoy !