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Iles du Salut, Guyane : Entre paradis et enfer

Guyane Française Voyages

Île du Diable

Île du Diable

Voyager, ce n’est pas que bronzer sur du sable blond en dégustant du ti punch et des acras (même si les gens, c’est quand même super bien de faire cela). Mais pour moi, c’est surtout rencontrer les gens, et (re) – découvrir la culture, l’histoire locale. Si la Guyane aujourd’hui est une destination qui commence juste à s’ouvrir au tourisme, il y a un peu plus de 160 ans, c’était la destination finale de nombreux prisonniers dont on ne voulait plus dans les bagnes métropolitains.  On en trouvait à de nombreux endroits : Saint Laurent du Maroni, Cayenne ou encore aux Îles du Salut. Peut être avez-vous déjà vu le film Papillon avec Steve McQueen (Papillon) et Dustin Hoffman ou lu le roman éponyme d’Henri Charrière sur ce sujet ?  Ici on envoyait les condamnés aux travaux forcés, les récidivistes, ou encore les détenus politiques.

Cette histoire récente nous a été racontée par Serge Colin, ancien capitaine de la marine marchande et guide local. Il nous a accompagné dans l’un des endroits clés de la détention de bagnards, les îles du Salut, composées de 3 ilots : L’île Royale, l’île du diable et l’île Saint Joseph.

Le lieu, quand vous arrivez en bateau vous semble paradisiaque mais pourtant c’était l’un des pire endroits où être détenu.

Ile Royale - Iles du Salut

Ile Royale – Iles du Salut

Sur les 5000 prisonniers qui arriveront ici entre 1852 et 1946, 2000 ne survivront pas, la faute à la fièvre jaune, au paludisme, à la dengue et aux mauvais traitements. Voici ce qu’écrivait le Capitaine Dreyfus, incarcéré sur l’île du diable concernant la faune locale :

Il y avait les moustiques, au moment de la saison des pluies (« jusqu’à plus de 1 000 piqûres par jour »), les fourmis en toute saison, en nombre si considérable, mais la bête la plus malfaisante était l’araignée-crabe : sa morsure est venimeuse. L’araignée-crabe est un animal dont le corps a l’aspect de celui du crabe, les pattes la longueur de celle de l’araignée. L’ensemble est de la grosseur d’une main d’homme. J’en tuais de nombreuses dans ma case où elles pénétraient par l’intervalle entre la toiture et les murs.

Quand au Dr Rousseau, médecin militaire à Cayenne, il notait dans son livre, Un médecin au bagne, publié en 1930 :

Les bagnes de Guyane sont des charniers où, s’alliant à la syphilis et à la tuberculose, tous les parasites tropicaux (paludisme, ankylostomes, ver parasite de l’intestin grêle, amibes de la dysenterie) deviennent les auxiliaires les plus sûrs d’une administration dont le rôle est de regarder fondre les effectifs qui lui sont confiés. Les plus farouches théoriciens de l’élimination peuvent être satisfaits. Les condamnés vivent en moyenne 5 ans en Guyane, pas plus. Toutes ces pathologies sont la conséquence d’une malnutrition sévère, d’un manque d’hygiène évident et les bactéries et virus y trouvent un terrain favorable à leur prolifération.

Hôpital - Iles du Salut

Hôpital – Iles du Salut

En marchant dans les pas de Serge,  j’essayais d’imaginer ce que pouvait être la vie quotidienne de l’époque. En entrant dans les cellules de 13 m3 (oui mètres cubes), je pensais aux porte-clés, ces détenus qui collaboraient avec les matons pour obtenir de meilleures conditions de détention ; en regardant les fresques dans l’église, je pensais au peintre qui les avait réalisées. Il s’appelait Francis Lagrange surnommé Flag et c’était un faussaire de génie ;  en observant l’hôpital, je pensais aux souffrances infinies de ces hommes.

Quelle cruauté !

Je pense qu’il est vraiment important si vous venez en Guyane de faire ce devoir de mémoire et de le faire avec un guide. L’île n’est en effet pas très tournée ver le tourisme. Il y a peu d’informations, le musée sur place n’est pas transcendant. J’espère que comme à Saint Laurent du Maroni d’ailleurs, on ne laissera pas tout ce pan de l’histoire locale disparaître.

Nous nous y sommes rendus en catamaran et avons déjeuné sur place à l’Auberge des îles. Comptez 1 journée pour bien profiter de l’endroit, que ce soit pour la visite historique ou la baignade 🙂

Enjoy !

Allez on en discute ?
Les commentaires
  • brijoudu93 a écrit le 29 mars 2018

    merci pour ce joli reportage

  • Hélène a écrit le 29 mars 2018

    Je garde un souvenir fort de ces lieux… C’est si beau, si paisible, si verdoyant aujourd’hui. Imaginer ce qu’ont vécu les bagnards n’est pas chose aisée.
    Merci, Anne

  • Jeannine a écrit le 29 mars 2018

    Encore un très beau reportage, je me souviens de H. Charrière et du film merci de nous rappeler ce qu’était le bagne on ne peut imaginer cela aujourd’hui
    Belle journée

    • Anne a écrit le 29 mars 2018

      Oui c’est difficile de se dire qu’il y a quelques dizaines d’allées seulement c’était une horreur :/

  • argone a écrit le 29 mars 2018

    Joli jeu de jambes du skipper :-)))
    Ce devait être une visite très émouvante …

    • Anne a écrit le 29 mars 2018

      J’aurais tellement aimé le jeter à l’eau :))

  • Nicas-Ferrage Brigitte a écrit le 29 mars 2018

    merci Anne, pour ce reportage concis et précis et… émouvant

  • Nathalie a écrit le 29 mars 2018

    Merci Anne pour ce moment partagé et ce rappel historique.

  • betty a écrit le 29 mars 2018

    Merci de nous rappeler ce brin d’histoire ! il ne faut pas oublier le folie des hommes pour mieux nous préserver. Bonne continuation.

    • Anne a écrit le 29 mars 2018

      Avec plaisir Betty 🙂

  • myriam a écrit le 29 mars 2018

    Bonjour Anne:

    Merci de faire revivre l’histoire.
    Il ne faut pas oublier!
    C’est bien de concilier plaisir des yeux et de la bouche avec instruction.
    C’est un concept que nous adoptons toujours ou comment joindre l’utile à l’agréable!
    Bises

  • Barbara a écrit le 30 mars 2018

    tout à fait d’accord ! n’oublions pas l’histoire qui nous permet de comprendre nos évolutions et notre présent et d’en tirer des leçons aussi

    d’ailleurs même aujourd’hui tout n’es pas « rose » et paradisiaque en Guyane
    la misère existe aussi au soleil chantait qq ‘un ….

    et partout c’est l’humain et les rencontres LE principal

  • pépin a écrit le 30 mars 2018

    merci Anne pour ce reportage émouvant.
    Quel contraste en effet entre ces images de douce quiétude et le vécu et les mots du Dr Rousseau.

  • Marie Dominique a écrit le 1 avril 2018

    Merci pour votre excellent site, qui fait voyager, cuisiner, partager. Je suis fan depuis un an! Pour votre billet d’humeur, ça va mieux en le disant. Bravo!

    • Anne a écrit le 1 avril 2018

      Merci Marie Dominique <3

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Anne Lataillade
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Anne Lataillade

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