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Baragane, le poireau sauvage des vignes

Baraganes (c) Les fées du chêne

Baraganes (c) LesFeesDuChêne

Voici ce que dit Ségolène Lefèvre concernant ce petit poireau des vignes :

« Baragane ou barragane, en bordelais on ne s’accorde pas sur la manière de l’orthographier. Certains même y ajoutent un deuxième «n» et parlent de barragnane. Dans tous les cas, c’est la même plante succulente que nous offrent les vignes, si nombreuses autour de nous. Lorsque reviennent les beaux jours, une petite promenade dans les vignes s’impose. Au lever du jour, quand la douce lumière rasante des premiers rayons du soleil éclaire le sol, on peut observer des silhouettes chaussées de bottes qui arpentent les rangs de vignes, scrutant attentivement le sol. Puis se baissent un moment et repartent un peu plus loin.

Que cherchent-ils donc tête baissée ? Quel trésor sont-elles en train d’extraire du sol ?

Des petites tiges vertes qui coiffent une tige blanche. Vous tirez légèrement dessus et, surgit un bulbe rond et ses minuscules grelots qui lui font une escorte. Quand leurs paniers sont pleins, les silhouettes s’éloignent.

Qu’ont-ils ramassé ?

La baragane, si succulente en vinaigrette ou mêlée à des œufs brouillés.

Une spécialité de la fin de l’hiver

Délicieuses friandises de fin d’hiver, les baraganes ou poireaux sauvages, arrivent en même temps que la lamproie qu’ils accompagnent si bien. La baragane aime les terres sauvages, les sols meubles et argileux. C’est pour cette raison qu’en bordelais, sa terre d’élection fut les rangs de vigne au pied des ceps. Il est d’ailleurs appelé «allium ampeloprasum», le poireau des vignes. Mais certains potagers délaissés lui conviennent et il abandonne de plus en plus les terres damées des vignes trop traitées au profit des terres cultivées biologiquement.

Cette baragane est un bulbe bien de chez nous qui n’a jamais pu s’adapter dans les terres orientales qu’il a laissées à sa cousine la cébette. Les Egyptiens, mangeurs d’oignons, l’appréciaient à sa juste valeur, Hippocrate le conseillait pour soigner certaines affections respiratoires et l’on peut très raisonnablement penser que Néron, si soucieux de la pureté de sa voix à défaut de celle de son âme, le consommait régulièrement. Si certaines variétés d’Allium ont été améliorées et ont donné les gros poireaux que nous consommons toute l’année, la baragane est restée rustique, gardant fidèlement les caractéristiques de ses ancêtres.

Et fidèlement comme nos aïeux, nous célébrons la fin de l’hiver, l’arrivée des beaux jours et le retour en force du soleil par un rite quasi païen de la célébration de la baragane. »

Enjoy !