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Marie Power, jardinière de la mer

Les voyages, ce sont avant tout les rencontres. J’ai fait la connaissance de Marie Power en Irlande, du côté de Waterford, un comté situé entre Cork et Dublin, sur la côte est de l’île. Marie a une passion, les algues, et cela fait plusieurs années maintenant qu’elle anime des ateliers qui leurs sont consacrées. J’ai pu grâce à elle goûter plein d’algues différentes, de la laitue de mer au goémon blanc en passant par les dulces ou les kelps. Inutile de vous dire que j’étais un peu larguée côté traduction. Lost in translation, tel est mon nom 😉

Quoi qu’il en soit, j’en ai compris suffisamment pour partager avec vous cette rencontre passionnante. Marie a en effet complètement changé de vie, décidant de se consacrer aux choses qui ont du sens.

Marie, avez-vous suivi une formation liée à la mer, à l’océanographie ? 

Pas du tout. Je suis spécialisée dans le management et le conseil mais j’ai décidé de consacrer mon temps à la nature.

Mais pourquoi les algues ? 

Je les ai découvertes quand j’étais très jeune. Mon cousin, Jackie Power, cultivaient des carrageen dans la région de Stradbally Cove et sa soeur, Eily, en faisait un dessert, très sain. Mais je n’aimais pas vraiment leur goût. C’est bien plus tard que j’ai découvert comment les rendre délicieuses ainsi que leurs bienfaits pour la santé.

Comment alors ? 

En 2007, j’ai eu la chance de participer à un atelier avec une experte es algues, le Pr Annie Rhatigan. C’est là que j’ai appris à utiliser les différentes variétés. Cela m’a vraiment inspiré et j’ai commencé à chercher des algues sur les plages locales dans le Comté de Waterford. J’ai expérimenté, les ai mangées crues et/ou cuites et me suis formée sur le tas.

Comment avez vous développé votre activité d’ateliers consacrés aux algues. 

J’ai démarré en 2007, à Kilfarassey, lors d’une sortie avec Irish Wildlife Trust consacrée aux milieux aquatiques. J’ai proposé qu’on y inclue une dégustation d’algues et elle a rencontré énormément de succès.  Il était clair qu’il y avait un intérêt. Comment les choisir, les cueillir, les préparer, comment les consommer etc. J’ai ensuite animé d’autres ateliers et cela a eu pour conséquence ma présence chaque année au Food Festival de Dugarvan.

Qu’est ce que cela vous apporte ? 

Les rencontres ! J’ai tellement de plaisir à partager mes connaissances avec tous ces gens qui attendent mes ateliers. Ils sont vraiment surpris de voir que les algues peuvent avoir autant de goût et sont avides d’en savoir plus sur leurs utilisations.  J’ai d’ailleurs fini par écrire un livre, the Sea Gardener, pour leur transmettre tout mon savoir (recettes et bienfaits).

Comment faire si je veux ramasser des algues au bord de la mer ? 

D’abord soyez absolument sûrs de ce que vous cueillez : Partez avec un guide bien informé qui soit capable de différencier ce qui est comestible de ce qui ne l’est pas. Consultez les livres sur le sujet (avec des photos de qualité, c’est le mieux) et soyez très prudents avec ce que vous trouvez sur internet. Ce n’est pas toujours pertinent.

Ensuite, renseignez-vous absolument sur la qualité de l’eau de l’endroit où vous faites votre cueillette. Les algues, comme n’importe quelles plantes absorbent l’air et les nutriments de leur environnement immédiat. Evitez donc d’en ramasser à proximité des zones habitées, industrielles, des ports, des routes avec beaucoup de circulation, des cours d’eau polluée etc.

Ne partez jamais seul : les rochers sont glissants et vous pouvez vous faire surprendre par la marée. Soyez donc prudents.

Vérifiez les marées et la météo avant de sortir et choisissez un jour calme : Le moment idéal pour collecter les algues est une heure avant la marée basse. L’objectif est d’être sur les rochers avant que la marée ne change.

Et enfin comme toute cueillette, préservez la ressource : Coupez un peu des algues choisies à l’aide d’un ciseau (laissez au moins 50% de la plante) et n’arrachez pas les racines car cela ne repousse pas et il ne restera plus rien pour les invertébrés marins tels les bigorneaux ou les patelles.

Merci Marie.

Pour en savoir plus, un site, en anglais : www.theseagardener.ie

Et vous, consommez-vous des algues ? Perso à part dans les makis ou dans la soupe miso, pas vraiment, mais cela m’a donné envie d’essayer.