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Portrait de Famille : Les soeurs Scotto, cuisinières

Elles s’appellent Michèle Carles, Marianne Comolli et Elisabeth Scotto. Leurs noms ne vous parlent peut être pas mais si je vous apprends que ce sont les sœurs Scotto, vous allez dire, bon sang, mais c’est bien sur !

Journalistes, cuisinières, auteures de nombreux ouvrages de gastronomie, chroniqueuses culinaires, gourmandes, passionnées par le goût et les produits, elles étaient il y a quelques jours les chefs d’un évènement culinaire organisé par la célèbre marque de matériel de cuisine, Lagostina auquel j’ai eu la chance d’assister.

Profitant de l’occasion qui m’était donnée, j’en ai profité pour leur poser quelques questions. C’est Marianne, en sa qualité d’aînée, qui a pris la parole.

Marianne, c’est par vous qu’a commencé la saga des sœurs Scotto, vous êtes l’aînée, comment êtes vous arrivée à la cuisine ?

J’ai fait des études pour être professeur d’italien mais une fois nommée, je n’ai pas aimé le métier et ai voulu me reconvertir. On m’a orienté vers la maison Filipacchi qui recherchait des rédacteurs. Je suis donc entrée dans un journal qui venait de se créer, Cuisine Magazine. J’y ai fait ce que l’on m ‘a demandé à savoir des reportages chez des cuisiniers et des recettes avec Michel Oliver, qui, à l’époque, était le chef cuisinier du journal et qui devait proposer tous les mois des recettes inratables. Il m’a dit :

– Mon petit, je ne veux pas travailler c’est vous qui ferez les recettes, ce n’est pas moi.

J’étais affolée. Comment allais-je faire ? J’ai appelé ma mère à la rescousse et ai commencé par donner des recettes très classiques et basiques.

Est ce que l’on cuisinait chez vous ?

Oui, ma mère était une cuisinière extraordinaire. Elle a appris seule, à l’aide du Pellaprat. A l’époque, nous vivions en Algérie. Elle cuisinait des grands classiques français mais elle était très créative. Elle inventait toujours autour d’une recette, remplaçait un ingrédient par un autre ..

Et ensuite, que s’est-il passé ?

On m’a proposé de devenir rédactrice en chef du journal mais j’ai refusé. Il fallait d’abord que j’apprenne les bases, que je travaille, que je voyage. .. Et c’est comme cela que cela a commencé. Pendant 5 années (que j’appelle mes années de couvent), je suis restée chez moi et ai travaillé.

A partir de quels supports avez-vous fait vos classes ?

Les grands livres, les classiques : Escoffier, Pellaprat, je voulais connaitre toutes les recettes. Je me disais que si je devais aller voir les chefs, il fallait que je sache de quoi je parle.

Ensuite Gault et Millau m’a engagé pour faire des reportages chez les chefs. Tout se passait très bien car je parlais le même langage qu’eux. Je faisais leur portrait, j’adaptais leurs recettes pour le grand public. Ensuite j’ai intégré Cosmopolitan, puis Marie Claire, Vital. Mes sœurs, voyant cette activité passionnante et étant elles-mêmes excellentes cuisinières ont suivi le même chemin.

Quel a été votre premier livre ?

C’est un livre édité chez Denoël, la cuisine des sœurs Scotto. Nous avons été reçues une fois par le regretté Bernard Rapp pour en parler et quand nous lui avons raconté que nous avions refait une cinquantaine de fois un poulet aux olives pour obtenir LA recette, cela l’a fait rire aux éclats. Notre mère était très perfectionniste et nous a légué cette qualité. Nous testons les recettes des dizaines de fois, c’est ce qui nous plait.

C’est une des spécificité des sœurs Scotto ?

Oui, nous écrivons des recettes simples, à la portée de tous, que nous faisons et refaisons jusqu’à ce qu’elles soient réellement au point. Ensuite, nous essayons toujours de trouver un petit truc qui fera la différence, qui revisite la recette, comme l’ajout de vanille dans la blanquette par exemple.

Quelles sont vos cuisines préférées ?

L’italienne, la japonaise, la française : L’italienne parce qu’elle a une telle variété, de tels produits et une telle simplicité. ; La Japonaise parce qu’elle nous passionne : Avec Élisabeth nous avons il y a de nombreuses années, étudié le Japonais, et ce pendant 5 ans. A l’époque, il n’y avait rien à Paris sur la cuisine japonaise. Nous connaissons par cœur le répertoire de la cuisine, des cuissons, de l’art de la table… Et la Française parce que nous sommes françaises.

Qu’est ce que représente la cuisine pour vous ?

C’est un domaine extraordinaire où l’on peut exprimer sa créativité. On y rencontre en plus toutes sortes de gens, tout le monde mange. On croise ainsi des musiciens, des peintres, des écrivains …

Quelle a été votre plus belle rencontre ?

Ce sont surtout des chefs qui m’ont impressionnée, que j’ai aimés et que j’aime toujours. J’ai fait le premier livre d’Alain Ducasse, de Pierre Hermé, de Pierre Gagnaire. J’ai aimé travailler avec ces gens qui m’ont apporté énormément. Je les ai aimés et ils m’ont aimée.

Quel est aujourd’hui votre chef chouchou ?

Celui qui fait l’unanimité entre nous 3, c’est Alain Passard. Nous le trouvons génial. C’est le plus grand, il est fabuleux. Nous aimons aussi beaucoup Pascal Barbot et William Ledeuil.

Avez vous des projets ?

Oui, je suis obsédée par ce qui est rapide, drôle et bon. Encore plus rapide que Gourmande et Pressée. Et un jour, j’aimerai écrire quelque chose sur la cuisine des étrusques. Ils n’ont laissé aucune traces ni textes, cela me fascine.

Merci beaucoup Marianne. Merci Michèle, merci Elisabeth.

Quelques titres :

Enjoy !