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Musée des Arts déco Bordeaux : Expo sur l’histoire du souper

Un gourmand ©MADD

Un gourmand ©MADD

Cette exposition du Musée des Arts déco et du design de Bordeaux narre l’histoire éphémère et originale du souper et vous pouvez encore la voir pendant 1 mois.

Contrairement au déjeuner et au dîner, dont l’étymologie commune, issue du bas latin disjejunare, évoque le fait de rompre le jeûne, le souper est le seul repas de la journée dont le nom tire directement son origine du plat – certes frugal – que l’on y servait : la suppa, mot de racine germanique répandu dès la fin du XIIe siècle, qui se résumait à une tranche de pain que l’on aspergeait d’eau de bouillon ou de lait chaud.

Dès le XIVe siècle, par métonymie, le mot désigne le repas du soir dans son ensemble. Bien que d’origine populaire, le souper gagne ses lettres de noblesse en entrant dans les riches demeures et en intégrant le protocole de la cour puisqu’il devient le repas officiel, celui où l’on convie des hôtes de marque, celui pour lequel on s’habille et l’on fait servir des plats qui doivent ravir et épater les invités. Il se décline même : tantôt fastueux et ostentatoire quand il s’agit du « Grand souper », tantôt intime et libertin pour le « Petit souper ».

Tranchoir à pain et moulin à épices

Tranchoir à pain et moulin à épices

Dès le premier quart du XVIIe siècle, les dictionnaires attestent de la répartition des trois principaux repas de la journée : le déjeuner le matin, le dîner en milieu de journée et le souper le soir. Leurs horaires respectifs varient néanmoins en fonction du niveau social et de la zone géographique étudiés. Ainsi, à la Cour et dans la haute société, les parties de chasse qui s’éternisent tout au long de la matinée repoussent de plus en plus l’heure du dîner, qui se prend, vers 1730, aux alentours de 15h, puis de 17h à la fin du 18e siècle, pour finalement remplacer le souper au 19e siècle qui devient, quant à lui, une collation nocturne : « depuis qu’on dîne à Paris à huit heures du soir […] on n’y soupe plus », lit-on en 1806 dans Le Journal des Gourmands et des Belles, l’épicurien français de Grimod de la Reynière. A la fin du XIXe et au XXe siècle, le souper est abandonné par les élites et redevient un repas populaire et campagnard.

C’est une histoire éphémère et originale, donc, que celle du souper. Elle est étroitement liée aux changements de mœurs et à une nouvelle gestion du temps et de l’espace domestique à l’époque moderne avec, notamment, les changements induits par l’apparition d’une pièce dédiée au repas, la salle à manger, et la généralisation du « service à la Française ». Une histoire qui est aussi celle du goût, avec la découverte de nouveaux produits et de nouvelles saveurs exotiques, de l’émergence d’une cuisine nouvelle de plus en plus raffinée et théorisée (en 1651 paraît l’ouvrage de La Varenne Le cuisinier françois, et en 1691 celui de Massialot Le cuisinier royal et bourgeois).

Détail de la table de la salle à manger de l'hôtel de Lalande ©Lysiane Gauthier

Détail de la table de la salle à manger de l’hôtel de Lalande ©Lysiane Gauthier

Les arts de la table sont les témoins privilégiés de tout cela : certains objets nous évoquent l’intimité d’un souper galant ou d’un « ambigu », d’autres nous laissent imaginer le luxe d’une réception à plusieurs services. Les uns ont disparus, les autres nous étonnent.

Ainsi, des aiguières en étain aux rafraîchissoirs en faïence, en passant par les salières en cristal et les pots à oilles en argent, cette exposition vise à retracer, à partir des collections du musée, l’évolution des manières de table, des modes et des comportements alimentaires aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Présentée dans les collections permanentes du musée, au sein des salons 18e de l’hôtel de Lalande, cette exposition traduit également la volonté du musée de développer ses recherches et ses activités autour de la thématique des arts de la table, depuis le XVIIe siècle jusqu’à l’époque contemporaine, et dans les différentes acceptions de cette notion : les objets destinés à la préparation des repas, ceux réservés au service et à la consommation, les typologies d’objets en fonction des époques, des pays, etc.

Informations pratiques

Musée des Arts décoratifs et du Design
39 rue Bouffard
33 000 Bordeaux

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