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Allergies alimentaires et étiquetage de précaution

Lecture d'emballage © Stokkete shutterstock

Lecture d’emballage © Stokkete shutterstock

En avril 2005, l’Afssa a été saisie par l’association de consommateurs «Consommation, Logement et Cadre de Vie» sur l’étiquetage des produits issus de la filière agroalimentaire au regard des allergènes alimentaires et, plus particulièrement, sur les mentions mettant en garde les consommateurs sur le «risque de présences fortuites d’allergènes» dans les denrées pré-emballées. Les nombreuses mentions utilisées, regroupées sous le terme d’étiquetage de précaution, ont été mises en place à l’initiative des entreprises du secteur agroalimentaire mais ne reposent sur aucun texte règlementaire.

En France, 3,2% de la population est concernée par les allergies alimentaires. Selon le Réseau d’allergo-vigilance qui participe depuis 2001 au recensement des accidents allergiques alimentaires graves, la présence d’allergènes masqués dans un produit alimentaire industriel serait responsable de 8,6% de l’ensemble des accidents allergiques alimentaires sévères. Ces accidents sont le plus souvent liés soit à une absence d’étiquetage lors de la vente de produits à l’étalage, soit à un changement de conditionnement et/ou de recette avec une erreur d’étiquetage associée. Il peut s’agir également d’une erreur de lecture par la personne allergique à la suite d’un changement de recette. Par ailleurs, on estime que moins de 1% de ces cas graves sont en rapport avec des contaminations survenues au cours de la fabrication du produit alimentaire.

Lecture d'étiquettes
Depuis novembre 2005, une directive européenne a rendu obligatoire l’étiquetage de 12, puis 14 ingrédients allergènes sur les produits industriels. Pour autant, s’agissant de la présence fortuite d’allergènes dans les aliments, il n’existe pas aujourd’hui d’harmonisation des mesures de précaution prises vis-à-vis de ce risque, ni en termes de standardisation des outils de dépistage des allergènes dans les matrices alimentaires, ni en termes de recommandation concernant l’étiquetage. Ainsi, les mentions « Produit pouvant contenir un allergène donné», « Produit fabriqué dans un atelier utilisant l’allergène donné», « risque de présence fortuite d’allergène» peuvent alarmer inutilement les consommateurs allergiques. Ils sont alors placés devant un choix décisif : acheter des produits garantis sans allergènes (onéreux), ou consommer des produits sans connaissance véritable des risques encourus.

En réponse à cette situation, l’Afssa émet plusieurs recommandations dans son rapport «Allergies alimentaires et étiquetage de précaution» :

Dans le cas d’allergènes présents de façon involontaire dans les produits, l’Afssa recommande l’utilisation d’un nombre limité de formules adaptées à la contamination effective ayant pu survenir en cours de fabrication. L’Agence suggère qu’une concertation sur ce sujet ait lieu entre les professionnels de l’agroalimentaire, les gestionnaires du risque et les associations de patients allergiques. En outre, l’Afssa recommande que toutes les entreprises puissent se doter d’une méthode HACCP (Hazard Analysis-Critical Control Point) allergène. Pouvoir disposer d’une méthode HACCP allergène implique que des précautions en terme d’organisation des filières aient été mises en place et puissent être justifiées. Les tests de détection d’allergènes peuvent être utilisés comme des outils d’aide à la mise en place de la méthode HACPP allergène, mais, au stade actuel des connaissances scientifiques, ces tests ne peuvent être utilisés comme l’unique outil en matière de prévention du risque allergique. L’Afssa considère que l’organisation rationnelle des filières de production et de distribution offre actuellement la meilleure garantie de maîtrise du risque allergène, l’utilisation des tests de détection ne pouvant suffire, seule, à garantir l’efficacité d’une méthode HACCP.

Au cas où la méthode HACCP ne peut être mise en place, l’Afssa recommande d’indiquer une mention stipulant qu’aucune précaution chez le fabricant n’a été prise vis-à-vis du risque d’allergène. Au vu de l’information fournie, le consommateur ainsi averti pourrait consommer le produit en connaissance de causes.

En ce qui concerne les étiquetages garantissant l’absence d’allergènes dans les aliments par la mention «sans ingrédient allergène», il apparaît indispensable de préciser le sens de l’allégation «garanti sans». Il serait, dans tous les cas, souhaitable que les ingrédients utilisés dans les produits étiquetés avec cette allégation puissent être garantis « sans présence fortuite » et non pas seulement «sans ingrédient allergène». Il est ainsi indispensable que l’utilisation d’allégations « garanti sans » soient validée par la mise en place de méthodes HACCP et par des contrôles qualité validant l’absence d’allergènes, ce qui n’est pas systématiquement le cas actuellement.

Lorsque l’allergène est introduit de façon volontaire, l’Afssa propose que la mention informative ne soit pas trop imprécise (le terme ‘arachide’ ne devrait pas se substituer au terme ‘huile d’arachide’, par exemple). Par ailleurs, l’étiquetage des produits laitiers vendus sous la dénomination «fromage», «beurre» ou «yaourt» peuvent ne pas comporter de liste des ingrédients dans la mesure où l’on considère que la référence à l’allergène «lait» est claire.

Cependant, en raison de l’existence d’une imprécision au sein de la liste des allergènes à déclaration obligatoire qui ne précise pas le type de lait qu’il convient de déclarer, et en raison de l’apparition de certains accidents graves observés en France avec des laits de brebis et/ou de chèvres parfois utilisés en substitution de lait de vache, l’Afssa considère qu’il est important de mentionner l’origine du lait utilisé : lait de vache, lait de brebis ou lait de chèvre.

Pour en savoir plus :

© Copyright : AFSSA – 9 février 2009